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mardi 5 mars 2013

Se dire TU d'un baiser...


Se dire TU d’un baiser…

Comme il est aisé aujourd’hui de passer du vouvoiement au tutoiement !

On ne se connaissait pas ou peu, peut-être depuis plusieurs années de façon superficielle,  et voilà qu’à partir d’une bise, on a le droit de tutoyer comme si on se côtoyait intimement.

Quelle drôle de coutume moderne !

Est-ce le lien que l’on conserve pour ne pas tomber dans la solitude et l’éloignement de ses congénères dans une société où la communication passe en grande partie par Internet, la téléphonie, les sms, les médias ? Ce lien qui jadis avait une signification plus profonde par lequel on disait à l’autre son attachement familial, amoureux ou son amitié sincère.

Qu’ils étaient beaux ces vouvoiements d’antan ! Ils revêtaient une dose de mystère, une barrière par laquelle on ne permettait pas à l’autre d’entrer dans son cercle énergétique de sécurité. Ce périmètre propre à chacun qui varie selon les individus.

Le « vous » a une résonance particulière. Il transfigure le monde imaginaire dans lequel notre âme se retranche lorsque l’émotion est à son comble.
Il est si doux de dire VOUS (cela sous-tend le "vous et moi", la 2e personne du pluriel) dans une relation de séduction. Bon nombre de poètes l’ont utilisé en leur temps et aujourd’hui c’est un gage de respect et d’élégance qui transparaît dans ce pronom très personnel. Il était le support indispensable au romantisme d’une époque révolue qui aujourd’hui a fait place au TU (l’unicité, la 2e personne du singulier).

C’est à coup sûr le reflet d’une société où tout va très vite, où on ne s’encombre plus de préliminaires car c’est une perte de temps. Le temps qui défile au rythme de notre modernisation ; à peine sorti ou consommée, le produit et la relation sont obsolètes.

On ne prend donc plus le temps d’apprécier l’instant présent, obnubilés par le futur d’une vie éphémère axée sur un idéal de vie matérialiste et superficiel. Chacun s’affaire à trouver le bonheur, l’inaccessible et ne savoure pas la relation du moment en la faisant perdurer pour entrevoir ou découvrir ses mystères.

Cette réflexion m’a amené à me demander quand le TU a remplacé le VOUS et, après une recherche sur le net, j’ai découvert une étude (parmi d’autres) que je vous enjoins à lire sur le lien http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_1_14572

A charge pour nous d’entretenir le mystère et le respect qu’offre le vouvoiement pour donner à nos relations humaines plus de temps afin de créer des liens plus profonds et 
vrais !