Se dire TU d’un baiser…
Comme il est
aisé aujourd’hui de passer du vouvoiement au tutoiement !
On ne se
connaissait pas ou peu, peut-être depuis plusieurs années de façon
superficielle, et voilà qu’à partir
d’une bise, on a le droit de tutoyer comme si on se côtoyait intimement.
Quelle drôle
de coutume moderne !
Est-ce le
lien que l’on conserve pour ne pas tomber dans la solitude et l’éloignement de
ses congénères dans une société où la communication passe en grande partie par
Internet, la téléphonie, les sms, les médias ? Ce lien qui jadis avait une
signification plus profonde par lequel on disait à l’autre son attachement
familial, amoureux ou son amitié sincère.
Qu’ils
étaient beaux ces vouvoiements d’antan ! Ils revêtaient une dose de
mystère, une barrière par laquelle on ne permettait pas à l’autre d’entrer dans
son cercle énergétique de sécurité. Ce périmètre propre à chacun qui varie
selon les individus.
Le
« vous » a une résonance particulière. Il transfigure le monde
imaginaire dans lequel notre âme se retranche lorsque l’émotion est à son
comble.
Il est si
doux de dire VOUS (cela sous-tend le "vous et moi", la 2e personne du
pluriel) dans une relation de séduction. Bon nombre de poètes l’ont utilisé
en leur temps et aujourd’hui c’est un gage de respect et d’élégance qui
transparaît dans ce pronom très personnel. Il était le support indispensable au
romantisme d’une époque révolue qui aujourd’hui a fait place au TU (l’unicité,
la 2e personne du singulier).
C’est à coup
sûr le reflet d’une société où tout va très vite, où on ne s’encombre plus de
préliminaires car c’est une perte de temps. Le temps qui défile au rythme de
notre modernisation ; à peine sorti ou consommée, le produit et la relation sont
obsolètes.
On ne prend
donc plus le temps d’apprécier l’instant présent, obnubilés par le futur d’une
vie éphémère axée sur un idéal de vie matérialiste et superficiel. Chacun
s’affaire à trouver le bonheur, l’inaccessible et ne savoure pas la relation du
moment en la faisant perdurer pour entrevoir ou découvrir ses mystères.
Cette
réflexion m’a amené à me demander quand le TU a remplacé le VOUS et, après une
recherche sur le net, j’ai découvert une étude (parmi d’autres) que je vous
enjoins à lire sur le lien http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_1_14572
A charge
pour nous d’entretenir le mystère et le respect qu’offre le vouvoiement pour donner
à nos relations humaines plus de temps afin de créer des liens plus profonds et
vrais !
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